• Camps de concentration période 1

    Les camps de 1933 à 1935

    Cette appellation est imposée par Himmler pour désigner les camps sous contrôle de la SS et de l'IKL puis, à partir du début 1942, sous celui du WVHA.
    Cela exclut les camps qui, de fait, sont des camps de concentration mais qui dépendent d'autres organisations, comme par exemple le Ministère de la Justice. 

    De 1933 à 1945 la philosophie des camps de concentration évoluera en fonction du contexte politique et guerrier. Les conditions de vie des détenus aussi...

     

    La rééducation par le travail

    Aussi incroyable que cela nous paraisse aujourd'hui, pour Himmler la fonction première des camps de concentration est la rééducation. Himmler a toujours pensé que chacun méritait une seconde chance dans la vie (!). Mais il ne faut pas voir là un but altruiste mais un but purement idéologique : pas une goutte de bon sang allemand ne doit être perdu et il faut réintégrer  dans le giron nazi tous ceux qui se sont égarés et qu'on peut récupérer. 
    Eicke signera un texte du commandant du camp d'Esterwegen (probablement son protégé Hans Loritz) qui résume bien ce que souhaite Himmler :
    "Chaque prisonnier en détention de sécurité a la liberté de réfléchir sur le motif pour lequel il est venu au camp de concentration. Ici, l'occasion lui est offerte de changer de sentiments intimes à l'égard du peuple et de la patrie, et de se dévouer à la communauté populaire sur la base nationale-socialiste, ou bien, s'il y attache plus de prix, de mourir pour la sale IIe ou IIIe Internationale juive d'un Marx ou d'un Lénine".

    Libération de détenus, discours de Eicke

    Les libérations sont possibles mais sous la condition de garder le secret absolu sur tout ce qui touche au camp. Cette consigne sera respectée et même au-delà : interrogés après leur libération les anciens prisonniers iront jusqu'à affirmer que cela ne les dérangerait pas d'y retourner.

    Les opposants au régime

    A cette période les camps de concentration accueillent les opposants au régime nazi, désignés et arrêtés par la Gestapo, le SD et la SS. Socialistes, socio-démocrates, communistes seront très vite rejoints par les centristes ou opposants de droite "républicains".
    Parmi eux on comptera quelques juifs : de 1933 à 1935 ils sont internés pour leurs opinions ou menées politiques et non pour le fait qu'ils sont juifs.

    Une pédagogie brutale

    Sous l'autorité de "papa Eicke", comme le nomment ses hommes, finie la brutalité aveugle des SA. La discipline SS la remplace. Une discipline aveugle obéissant aux nouveaux préceptes de Eicke pour qui "Tolérance signifie faiblesse" et la faiblesse n'est pas une valeur SS. Elle l'est encore moins dans les unités à tête de mort.

    Gardes au camp de NeuengammeLes futurs gardes et commandants des camps sont soumis à un entraînement visant à éteindre toute trace d'humanité envers ceux qui n'appartiennent pas à l'élite SS. Formés à Dachau, les Totenkopf terroriseront les déportés à travers tous les camps, sur tous les territoires. L'entraînement imposé par Eicke, qui perdurera après son départ, en fait des machines parfaitement huilées à l'asservissement et l'abrutissement moral des déportés. Certains craqueront, jusqu'au suicide, d'autres entreront dans "l'aristocratie" de la cruauté tel le commandant d'Auschwitz, Rudolf Höß qui écrira pourtant dans son journal :

    " À cette époque, combien de fois n'ai-je pas dû me dominer pour faire preuve d'une implacable dureté ! Je pensais alors que ce qu'on continuait à exiger de moi dépassait les forces humaines ; or, Eicke continuait ses exhortations pour nous inciter à une dureté encore plus grande. Un SS doit être capable, nous disait-il, d'anéantir même ses parents les plus proches s'ils se rebellent contre l'État ou contre les conceptions d'Adolf Hitler".
    Si la garde des prisonniers dépend de la Totenkopf, chaque camp héberge également une garnison séparée de SS préposés à la surveillance du camp (miradors, no man's land, etc.).

    Les conditions de vie

    A cette époque les camps sont encore "à taille humaine" et leur population n'est encore com-posée que d'opposants politiques.

    Les fameux pyjamas rayés et les triangles distinctifs ne sont pas encore en vigueur. Les tatouages non plus, qui ne seront d'ailleurs pas généralisés.
    Réfectoire à Dachau en 1933Les prisonniers gardent leurs vêtements civils ou portent des tenues de travail. 
    La nourriture est plutôt correcte et est prise dans des réfectoires, parfois propres à chaque block. On est loin des batailles futures autour de bidons d'infâme jus clairet baptisé "soupe".
    Les blocks sont propres et les lits faits au carré, parfois avec draps et couverture. Dans certains camps (comme Dachau au débit) on verra même ici et là des parterres de fleurs !
    Pour un observateur non éclairé, les conditions de vie sembleraient presque idéales, comme ce fut le cas lors de visite de la Croix Rouges ou d'observateurs extérieurs. La presse ne manquera pas de se faire l'écho des bonnes conditions de vie des prisonniers.

    Mais ces observateurs ne verront jamais l'envers du décor : les prisonniers n'ont qu'un droit, un seul, obéir.
    "Quiconque fait de la politique, tient des discours ou des réunions de provocation, forme des clans, se rassemble avec d'autres dans le but d'inciter à la révolte, se livre à une nauséabonde propagande d'opposition ou autre sera pendu en vertu du droit révolutionnaire ; quiconque se sera livré à des voies de fait sur la personne d'un garde, aura refusé d'obéir ou se sera révolté sous quelque forme que ce soit, sera considéré comme mutin et fusillé sur-le-champ ou pendu" (extrait du règlement de Dachau par Eicke)

    Camps de concentration période 1Comme on l'a vu plus haut, le but est de briser les hommes et pour cela, le camp vit à l'heure de la peur permanente. 
    Travail harassant, brimades en tout genre et coups sont là pour rappeler au détenu pourquoi il est là. 
    Déjà ont lieu les appels interminables, quelque soit le temps. Un lit mal fait, un salut oublié ou jugé trop nonchalant et les coups pleuvent. Les gardes trouvent toujours un prétexte pour rééduquer le prisonnier , récalcitrant ou pas. Il y a aussi ces brimades idiotes mais qui transforment les hommes en loques et les humilient, telles ces séances de gymnastique où les détenus accroupis, bras tendus, doivent faire l'aller-retour de la place d'appel. Pour celui qui tombe, les coup de gummi et de bottes lui redonnent la force de repartir.
    Les hommes sont brisés, leur volonté est anéantie et ceux qui sortiront ne parleront pas, de peur de revenir dans cet enfer.

    Et ils ont raison car ce qu'ils ignorent c'est que ce qu'ils pensaient être le pire est encore loin d'être atteint mais il approche.

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