• Historique des camps

    Hitler et Himmler à BerchtesgadenQuand le président de la République de Weimar, le vieux maréchal von Hindenburg, nomma Hitler au poste de Chancelier du Reich à la suite de tractations et petits marchandages entre les partis de droite, malgré sa réticence on se demande s'il a jamais envisagé l'avenir apocalyptique que son nouveau Chancelier réservait à l'Allemagne.

    Ce 30 janvier 1933 allait définitivement changer la face du monde et donner aux mots "horreur" et "terreur" un nouveau visage. 
    La nuit même, la chasse aux opposants commençait.

    Le vote des pleins-pouvoirs au nouveau Chancelier le 23 mars allait entériner une situation qui se mettait en place depuis l'incendie du Reichstag le 27 février : la création de camps de concentration pour lutter contre les ennemis du Reich.

     

    Des camps éphémères...

    Il faut se rappeler qu'en 1933 deux organisations se livraient une lutte sans merci pour le contrôle du maintien de l'ordre :

    • La SA (SturmAbteilung ou Section d'Assaut) dirigées par Ernst Rhöm qui compte parmi les premiers fidèles à Hitler.
    Les SA représentent une milice dévouée à Hitler depuis 1920. De janvier 1932 à août 1934 ses effectifs passeront de 400 000 hommes à 2,9 millions. Ils se distingueront par leur brutalité lors des campagnes électorales et des actions anti juives. Pour la plupart ancien combattants de la Grande Guerre, ils ont aux yeux des dirigeants nazis la fâcheuse tendance à avoir retenu les mot "socialiste" dans le sigle du parti mais ils restent dévoués à Hitler et à leur chef... en prônant la deuxième révolution.

    • La SS (Schutzstaffel ou Escadron de protection) furent créées en 1925 après l'interdiction des SA après le putsch de 1923. Quand la SA se reforme, la SS est subordonnée à la SA.
    La nomination à sa tête d'Heinrich Himmler en janvier 1929 va rebattre les cartes au fil des années de conflit plus ou moins ouverts entre les deux factions. A ce moment donné la SS compte 290 hommes. En janvier 1933 elle compte 52 000 membres, la SA près de 3 millions.

    C'est dans l'ADN même de ces deux formations et les visions diamétralement opposées de leur chef respectif qu'on trouve une des explications de la mise en place du système concentrationnaire tel que nous le connaissons.

    Les premiers camps sous autorité SA

    Après l'incendie du Reichstag en février 33, les SA se livrent à la chasse aux opposants et dès le mois de mars s'ouvrent une multitudes de camps sauvages et éphémères pour la plupart.
    Ils sont, si j'ose dire, à l'image de Rhöm et ses hommes : exactions, brutalité, exécutions arbitraires, désorganisation en font des lieux épouvantables dont nul n'est certain de sortir vivant.

    Oranienbourg fév. 1933

    Si l'histoire concentrationnaire retient la date du 20 mars 1933 pour l'ouverture du premier camp de concentration Dachau, en réalité le premier camp de relative importance, est celui d'Oranienburg.
    Ce camp fut mis en place sauvagement par les SA dès février 1933, en plein centre de la ville d'Oranienbourg, par des prisonniers qui effectuèrent les travaux jusqu'à l'ouverture officielle le 21 mars. On ignore combien de prisonniers y furent détenus pendant cette période mais pendant le fonctionnement officiel du camp (21 mars 33 à juillet 34), 3 000 hommes et 3 femmes y furent détenus dont 16 tués. Un autre camp sera ouvert près de la ville d'Oranienbourg, Sachsenhausen de sinistre mémoire.

    A ses débuts, le camp de Dachau, créé à la demande de la police bavaroise, était également sous l'autorité des SA, jusqu'en avril 1933 où Himmler, devenu commandant de la police bavaroise, en transfère l'autorité à la SS.

    Impossible de recenser tous les camps ouverts par les SA : leur durée aléatoire (de quelques jours à quelques semaines), leur nombre de prisonniers (d'une dizaine à plusieurs milliers) tels Benninghausen qui accueillit environ 344 prisonniers de mars à septembre 1933.

    Ouverts sous l'autorité des Gauleiter et des autorités policières des Lander, ces camps n'avait pas pas de gestion centralisée et les SA ne rendaient de compte à personne. Ils s'y livrèrent cependant à de tels exactions que des autorités locales s'en émurent auprès d'Hitler. 

    ... au système concentrationnaire

    Alors qu'un homme comme Ernst Röhm peut-être considéré comme un soudard jouisseur, antisémite et brutal, Heinrich Himmler est tout différent.

    Lui aussi tout dévoué au Führer, il est un adepte ardent du pangermanisme. Il est certes ambitieux mais son ambition est plus une ambition idéologique que personnelle.
    C'est un homme rigide, froid, calculateur et extrêmement organisé. Il exècre Rhöm et ses SA et se dévoue entièrement au développement de sa chère SS dont il veut faire un corps d'élite, racialement pur et fanatique.

    Dachau mars 1933

    Le transfert d'autorité de Dachau fut pour lui une aubaine qui va lui permettre de mettre en avant ses talents d'organisateur et son sens de la discipline.
    Quand en juin 33 il nomme Theodor Eicke commandant du camp de Dachau, il pose la pierre angulaire du système concentrationnaire. Dachau va en quelque sorte devenir le camp "pilote" où Eicke mettra au point le système qui s'appliquera plus tard à tous les camps.

    Le dernier obstacle qui se dresse devant Himmler reste la SA. 
    Avec la complicité de Heydrich et Gôring (qui ont eux aussi tout intérêt à se débarrasser de ces reîtres), il monte un dossier qui accable Röhm et son organisation. Ils connaissent bien Hitler et savent que sa réaction sera à la hauteur de son sentiment de trahison.
    La Nuit des Longs Couteaux (29 juin/4 juillet 1934) va décapiter le commandement de la SA et signer la mise au pas de la SA. Favorablement accueillie par les Allemands et par l'armée régulière, la Nuit des Longs Couteaux signe le triomphe d'Himmler qui a fait assassiner les deux hommes à qui il devait sa carrière, Ernst Röhm et Gregor Strasser, avec qui il entretenait pourtant des relations amicales. Sa position auprès d'Hitler est renforcée : il est l'homme loyal.

    Désormais Heinrich Himmler a les coudées franches et, avec Theodor Heicke, il va mettre en place les outils d'un régime de terreur à l'efficacité redoutable.

    Voir aussi le chapitre réservé à l'évolution des camps.

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