• Les lois de Nuremberg

    A flâner le long de la Pegniitz en admirant les colombages des maisons pimpantes et fleuries, on ne peut pas empêcher la double exposition cérébrale qui superpose à cette vision de carte postale celle qui nous reste encore à l'esprit.

    Nuremberg aujourd'hui

    De cette ville bâtie au XIème siècle, rares sont ceux qui en connaissent la prospérité de la Renaissance ou ceux qui savent qu'en 1852 y fut inauguré le plus grand musée consacré à la culture allemande, le Musée Germanique.

    Car pour tout le monde, Nuremberg c'est la ville des immenses congrès du parti nazi, la ville du "Triomphe de la Volonté", triste privilège qui lui valut d'être une des villes les plus bombardées d'Allemagne (également en raison de son activité culturelle), puis la ville du premier procès international pour crimes contre l'humanité.

    Le nom de cette jolie petite ville reste aussi associé à deux lois (sur 3 promulguées) qui érigeront le racisme en système d'état : les Lois de Nuremberg.

     

    En septembre 1935 le parti nazi tient son 7ème congrès annuel à Nuremberg.
    C'est ici même que deux ans auparavant Adolf Hitler avait laissé entrevoir les contours d'une politique eugéniste, de façon presque subliminale, même si dès avril 1933 les premières mesures contre les juifs n'avaient, elles, rien de subliminales, déjà encadrées par un arsenal de lois prises dès avril 33.
    Mais ce n'est encore pas assez pour certains et les exactions incontrôlées contre les juifs entachent la réputation de l'Allemagne à l'étranger à la veille des JO de 1936 et certains pays vont jusqu'au boycott des produits allemands. L'état nazi veut en finir avec ces actions sauvages.

    En août 1935 sous l'impulsion du ministre de l'économie, Hjalmar Schacht, une réunion entre divers ministres et dignitaires nazis pose le principe de nouvelles lois visant à appliquer le programme du parti nazi.

    Hitler - Nuremberg 1935

    Hitler veut frapper un grand coup pendant le Congrès et le 13 septembre il demande à ses ministres de préparer les textes de lois qu'il présentera le 15.

    Préparées dans la plus totale confusion sur fonds de fanfares et défilés du congrès, ces deux lois auront une portée dramatique sur les évènements à venir.

    Loi sur la citoyenneté du Reich

    Cette loi ne comporte que trois paragraphes qui définissent qui est considéré comme citoyen à part entière du Reich :
    "§2. Seul est citoyen du Reich le ressortissant de l'État de sang allemand ou apparenté, qui par son comportement montre qu'il a la volonté et la capacité de servir loyalement le peuple et le Reich allemands."
    Les ressortissants ne répondant pas à ces critères ne sont plus considérés comme citoyens et sont de facto privés de droits (voir § 2.3)

    Texte intégral

    Pour court qu'il soit, ce texte est en réalité un canon à longue portée ! 
    En ne visant pas spécifiquement les juifs, il élargit considérablement le nombre de ressortissants qui pourront se voir refusé le statut de "citoyens" : Tsiganes, témoins de Jehova, objecteurs de conscience, handicapés...

    Loi de protection du sang et de l'honneur allemands

    S'appuyant sur des "travaux" menés par des théoriciens et des politiciens de la deuxième moitié du XIXème siècle qui développèrent le concept d'un darwinisme social qui aurait justifié la croyance de la supériorité de la race blanche et, en ce qui le concernait de la race aryenne.
    Bien qu'il eut mobilisé des scientifiques afin qu'ils démontrassent le caractère racial des juifs, force fut de constater qu'identifier "le juif" sur de simples critères physiques était tout simplement impossible.
    Sauf pour Hitler et les antisémites qui l'entouraient : ptableau généalogique des ascendants juifsour la première fois une loi racialisait une religion officiellement en dépit de toute logique, en s'appuyant sur une généalogie confessionnelle. L'absurdité de cette loi (outre son contenu propre) est qu'elle exclura des aryens "purs" de la société.

    Si les lois d'avril 1933 visaient à exclure les juifs de la fonction publique et des professions libérales, cette nouvelle loi vise la sphère privée en visant pêle-mêle les mariages mixtes, les relations sexuelles et le droit d'arborer les couleurs du Reich.
    Toute union ou relation entre un[e] Allemand[e] est un crime racial, la Rassenschande (honte raciale).
    De par sa contradiction fondamentale, cette loi soulèvera de nombreuses questions quant à son implication et sera amendée de nombreuses fois par décrets afin de déterminer qui est ou n'est pas de "race" juive.
    Désormais toute la population allemande fera l'objet d'un  fichage systématique.

    Texte intégral

    Ces deux lois arbitraires contribueront à l'extension de l'univers concentrationnaire en Allemagne.


     NDLA : bien que cette théorie de la racialisation d'une religion ait été condamnée lors du procès de Nuremberg, elle a toujours cours. Tel un ex ministre de l'Intérieur et ex président commentant un fait divers et mentionnant "le suspect, de type musulman" sans qu'aucun journaliste ne relève.

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